"Les clowns qui interviennent au sein du service sont des clowns hospitaliers, davantage orientés vers le soin et l’accompagnement des patients. Ils travaillent en collaboration avec l’équipe soignante pour distraire les patients, parfois pour détourner leur attention lors de soins douloureux ou pendant un prélèvement difficile chez un patient agité. Avec l’humour, les patients communiquent autrement : à travers le toucher, le regard, le sourire, etc. C’est un moyen de les divertir, et de les sortir du contexte de l’hospitalisation et de leur pathologie. Les clowns interviennent en duo : ils jouent sur l’improvisation et prennent en compte à la fois le patient et sa famille. La venue des clowns est très appréciée par l’équipe. Ils sont bénéfiques pour l’ensemble du service et nous apportent un moment de loisirs et de divertissement.
L'adhésion totale des professionnels du service
Lorsque nous avons présenté ce projet aux professionnels du service, l’adhésion a été totale. À l’arrivée des clowns en fin de matinée, nous procédons aux transmissions pour discuter des pathologies des patients, de la manière de les aborder, de leur état de fatigue, de conscience, et parfois de leur fin de vie. Chaque intervention est adaptée à l’état de santé du patient. Après les transmissions, ils font leur parade dans le service en musique, entrent dans chacune des chambres et font preuve d’improvisation. À la fin de l’intervention, nous organisons un débriefing.
Lors de leur première venue dans le service, nous avons eu des retours sur le vif. Je pense particulièrement à la famille d’une patiente en fin de vie. L’équipe s’est demandée si c’était une bonne idée de faire rentrer les clowns dans la chambre, au regard du contexte. Au départ, les enfants de la patiente étaient un petit peu réticents. Finalement, cela a été très positif. Les enfants nous ont dit qu’ils étaient très contents que leur maman ait pu vivre ce moment de douceur et qu’ils ont eux-mêmes beaucoup apprécié. Une autre patiente présente lors de la première intervention avait tellement hâte de les revoir qu’elle les attendait devant sa porte de chambre.
Pour les patients qui présentent des troubles cognitifs, la venue des clowns est aussi pertinente : ils vivent dans l’instant présent, et si on peut leur donner une bulle de bonheur, de détente, un petit souvenir sympathique, une chanson qu’ils connaissent de leur jeunesse, c’est tout gagné. Même s’ils oublient ce moment 10 minutes après.
Un appel à projets de la Fondation AP-HP
Ce projet a vu le jour grâce à un appel à projets de la Fondation AP-HP. J’ai candidaté pour un financement de clowns en gériatrie. Puis, j’ai eu le contact de l’association Les artistes aux petits soins dont les interventions sont adaptées au secteur de la gériatrie. Ce projet a été retenu et les huit interventions ont été financées intégralement par la Fondation AP-HP. Aujourd’hui, nous recherchons d’autres moyens de financement afin que cette prestation se poursuive dans le temps.
Au final, on développe avec les patients âgés ce que l’on développe avec les enfants : si les clowns vont en pédiatrie, alors ils peuvent aussi intervenir en gériatrie. "
